L'arnaque

Voici le récit de ma plus belle arnaque, c'est un peu long mais je pense que ca vaut le coup.

Je suis un peu et je veux lire le résumé... allez-y!

Les personnages :
X = L'arnaqueur : un homme, grand, bien habillé, parlant un américain impeccable, ayant la physionomie d'un homme d'affaire, avec toutes les manières qui vont avec.

Boris : un français, étudiant en LEA à Guadalajara chez qui j'habitait pendant mon séjour, parlant bien espagnol et anglais.

Moi : touriste, parlant assez moyennement anglais, pas du tout espagnol.

Le récit :
     Je me promenais un dimanche en fin d'après-midi dans un quartier de Guada plutôt résidentiel assez sécurisant et de standing plus élevé que la moyenne.
J'avais sur moi le minimum : mon guide touristique, un plan de la ville, un peu d'argent et l'adresse de mon logement, mais pas de porte-feuilles (pour ne pas risquer de me faire voler..).

     Je me fait interpeller sur un trottoir par X.
C'est la première impression qui est fatale… dès que je l'ai vu il avait vraiment l'air d'être honnête.
Il me demande si je sais parler anglais, je répond que oui, un peu.
Il est assez agité et parle vite.
Il m'explique en quelques minutes qu'il vient de tout se faire voler par son taxi. Il est à Guada depuis 3 jours, il faisait confiance à son chauffeur, et là, juste avant de partir pour l'aéroport il n'a plus de taxi.
C'est un homme d'affaire, il est dans une grande entreprise aux USA, à coté de New-York, et il doit impérativement prendre son avion ce soir car il a une réunion très importante le lendemain.

     Il me demande si j'ai une carte téléphonique. Je n'en ai pas, il me fait signe qu'il y a un bureau de tabac juste à coté, on rentre, il demande une carte et me laisse payer.
Il se dirige vers un téléphone, et me dit qu'il appel sa femme au USA, je ne comprend pas grand chose à la conversation à part qu'il raconte ce qu'il lui arrive.
Pendant ce temps, je regarde dans mon guide touristique car j'avais vu le numéro d'un bureau d'aide pour les gens dans ce genre de situation. Après sa conversation, je lui montre le numéro en essayant de lui expliquer à quoi il sert. Il ne paraît pas trop comprendre ni être trop intéressé. Il me demande si je n'ai pas plutôt le numéro de l'agence Américan Airline. Par chance je l'ai et il appel immédiatement. J'ai l'impression qu'il explique sa situation et qu'il s'informe sur les autres vols car il est entrain de rater le sien.
Il m'explique à quelles heures sont les avions et me dit qu'il peut les prendre mais il lui faut repayer un autre billet d'avion.
C'est à ce moment qu'il me demande si j'ai une carte bancaire Master ou Visa pour que sa femme puisse me faire un virement depuis les USA comme ça je pourrais lui donner de l'argent. Sur le coup l'idée ne me paraît pas bête et réalisable.
Mais il m'explique que pour faire ça il faut aller dans un banque Western Union. J'essaie de lui expliquer qu'elle sera sûrement fermé le dimanche. Il me dit que non et qu'il faut aller voir. Comme je n'ai pas ma carte banquaire sur moi, il fallait passer où j'habitais pour la récupérer.

     On se met au bord de la route pour prendre un Taxi. A ce moment je suis moins partant car je ne voulais pas payer le taxi. Mais je vois qu'il fouille dans sa poche et qu'il trouve des billets. Je me suis demandé pourquoi il m'a laissé payer la carte de téléphone, mais je me suis dis qu'il venait peut-être de se rendre compte qu'il avait des billets dans sa poche, et je me suis de nouveau concentré sur ce qu'il m'expliquait. Il me racontait sa vie et me posait des questions sur ce que je faisait ici et en France.
On monte dans le taxi, il n'est pas bien aimable avec le chauffeur, je lui donne l'adresse.
On arrive, je rentre chercher ma carte, en passant je demande à Boris s'il ne veut pas venir avec moi en lui expliquant la situation. On rigole de la situation et il m'accompagne.

     X dit connaître une banque à 10min d'où on était. Nous nous y rendons, et bien sur la banque est fermée. On est descendu du Taxi pour aller voir. X est visiblement très embêté, presque en colère, et toujours aussi speed.
A ce moment, X dit que c'est pas grave, qu'il peut faire faire le virement, et je vérifierai sur mon compte dans un distributeur. Il donne à nouveau un coup de téléphone à sa femme soit disant, il me demande ma carte pour avoir le numéro. Il dit bien mon nom, prénom, le numéro à 16 chiffres, mais à ma surprise, il ne donne pas la date d'expiration. Alors que pour tout payement, cette date est obligatoire. Mais comme je n'ai jamais fait de virement sur ma carte de cette manière je ne pose pas la question.
Il dit qu'il faut attendre un peu. Le virement est de 1000$.
On va a un distributeur de billets, je met ma carte, mais le distributeur ne marche pas.
A ce moment là on fait l'échange des adresses, il écrit de manière très spontanée toutes les informations qui sont cohérente avec ce qu'il racontait : adresse privée et professionnelle, n° de tel et mail.

     On reprend un taxi pour aller à un autre distributeur. Boris me fait remarquer que le distributeur est un peu loin, mais on ne cherche pas à comprendre.
Je met ma carte, essaie de vérifier mon compte, mais je n'ai pas le droit. En fait je m'en doutais car je crois que j'avais déjà essayer à l'étranger de vérifier le solde de mon compte, et cette fonction doit être réservée au locaux.
Là, Boris me dit de faire gaffe et me fait comprendre qu'il faut rester prudent.
X me dit de retirer quand même la somme. Etant persuadé que le virement de sa femme est fait, je n'hésite pas. Je tape la somme pour faire mon retrait. Mais je savais aussi que je suis plafonné à 300€ par semaine, donc forcement 1000€ ça ne marchait pas. J'ai essayé 700 puis 500 puis 200, mais ça ne marchait jamais. Et je ne suis souvenu que j'avais fait un retrait de 400€ pendant la semaine, ma carte était donc verrouillée.
X est assez embêté et cherche une solution. Il demande à Boris s'il ne peut pas retirer de l'argent, mais il ne peut pas car ça carte ne lui permet pas de retirer à l'étranger.
Moi, dans ma grande générosité, je lui dis que j'ai une autre carte Visa (c'est ma carte de secours si j'ai un problème avec la Master), mais il n'y prête pas beaucoup attention, ce qui m'a surpris d'ailleurs.

     A ce moment, en sortant du guichet de retrait il nous demande si on n'a pas de l'argent chez nous. Moi je répond qui oui, mais pas vraiment motivé. On remonte dans le taxi. Boris dit qu'il a aussi un peu d'argent. On retourne chez nous. Il nous explique bien qu'il n'y a pas de problème, que le virement est fait et vu qu'on a bien fait l'échange des adresses tout va bien.
Il sais que nous sommes étudiant et qu'on n'a pas beaucoup d'argent.
On rentre donc chercher l'argent qu'on avait.

     Avant de rentrer dons nos chambres, je demande à Boris s'il est vraiment sûr de vouloir donner du cash à ce type. Il n'est pas très rassuré et me demande si je suis sûr que le virement est fait. Ma réponse n'est pas affirmative dans la mesure ou je n'ai jamais fait une telle transaction, mais je répond qu'il y a de forte chance car je pense que techniquement un tel virement est réalisable. On est donc pleinement conscient que maintenant le type va se barrer avec notre argent et qu'on a que sa parole comme engagement.
Boris n'est pas très chaud. Moi qui ai suivi depuis le début l'affaire, je n'hésite pas beaucoup, je suis vraiment entré dans une relation de confiance, ce qui influence Boris.
Mais curieusement, ça m'embête pour Boris, car je me sens responsable de l'affaire.

     Je rentre dans ma chambre et sort la somme que j'avais retiré pendant la semaine. J'étais assez content de moi quand j'avais fait le retrait car c'était la première fois que j'avais autant de sous dans les mains ! 400€ en pesos ça faisait plein de billet.
En plus, tirer une grosse somme m'évitait d'avoir plusieurs commissions, je faisait donc des économies!
Et là je me dis, quand même, tu vas donner tout ça à un type que tu connais à peine.
Mais cette question n'a pas duré longtemps car j'avais confiance dans le type et j'étais content que rendre service à ce haut responsable. De plus il nous avait dit qu'il n'y aurait pas de problème si un jour on veut venir au USA.

     Donc je sort avec mes 400€ (en pesos) dans la main, Boris lui a 170$. On sort devant la porte où il nous attendait. On lui explique qu'on a que ça, mais que ça doit bien suffire pour l'avion. Il nous dit que c'est bon, et qu'on s'arrangera après pour le reste de l'argent qu'on lui doit. (Car le virement était de 1000$.)
Je voulais le prendre en photo à ce moment là, mais je n'ai pas osé, je ne voulais pas qu'il le prenne mal, et puis à quoi ça aurait servit?
Il part donc avec notre argent en taxi.

     Nous on rentre et la copine à Boris nous dit : " mais vous n'avez pas fait ça !!! "
Et là je répond, " ben si, on, joue au poker… ! " en ayant bien conscience qu'on aurait peut-être pas dû faire ça.
Le soir on n'en a pas reparlé. Et en fait on a senti le coup fourré très rapidement. Bien sur toute la nuit ça nous occupé l'esprit. Mais je n'arrivais pas à trouver une faille dans l'enchaînent des évènements, c'était vraiment trop bien mené et aucun indice ne faisait basculer mon raisonnement.

     Et évidemment, on n'a jamais plus entendu parler de lui.

     Et maintenant encore, je pense que de toute façon je lui aurais donné l'argent car il nous a vraiment mener d'un bout à l'autre avec une aisance qui mettrait minable même les meilleurs comédiens.
Voilà donc comment perdre 570€. Et ça fait beaucoup réfléchir, on n'a plus vraiment envie de rendre service après une telle expérience.
Et quand on dit que les voyages forment la jeunesse, rassurez vous, y a pas de problèmes… !
Le pire, c'est que je me serais fait avoir de la même manière en France.
Enfin, sachez que je ne pense pas être un apprenti dans ce domaine des voyages et des situations délicates qui les accompagnent, et finalement, tout le monde peut se faire avoir.

Voilà, j'espère que notre expérience vous servira un jour, qu'on n'a pas perdu 570€ pour rien.

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